Louisiane : Les pêcheurs mazoutés
Privés de leur
activité, les pêcheurs de Louisiane voient la marée noire s’approcher inexorablement
des côtes. Beaucoup craignent une catastrophe pire que Katrina. Reportage en
Louisiane.
Dans
le port de Venice, en Louisiane, les bateaux sont à quai. Plus question de
prendre la mer depuis que les autorités américaines ont interdit la pêche,
dimanche dernier. L’océan, Jack le guette depuis le ponton. Il essaye de la déceler, cette
marée noire qui se profile à l’horizon et qui lui a fait perdre son gagne-pain.
« C’est un grand désastre »,
déclare t-il, « Je me sens en
colère, triste ». Ils sont des milliers dans ce cas, pêcheurs,
ostréiculteurs, éleveurs de crevettes, tous désemparés par la pollution monstre
qui menace les côtes de l’état de Louisiane. Jeudi soir déjà, les premières
plaques ont échoué dans les marais proches de l’embouchure du Mississipi.
Depuis près de 15 jours et l’explosion d’une plateforme pétrolière dans le
golfe du Mexique, 800 000 litres de pétrole se déversent chaque jour dans
l’océan, malgré les efforts des gardes-côtes et des experts pour contenir la
fuite. « Je ne me reposerai, et
personne ici ne va se reposer tant que la fuite n’est pas colmatée à la source,
la région nettoyée et les gens sortis du pétrin », a affirmé Barack
Obama, qui s’est rendu dimanche en Louisiane pour constater de l’ampleur de la
marée noire. L’état d’urgence et de catastrophe nationale a été déclaré en
Louisiane et dans l’état du Mississipi. Mobiliser pour ne pas reproduire les
erreurs de l’ouragan Katrina. Le président W. Bush s’était alors montré
étonnement passif, abandonnant les victimes à leur triste sort.
BP coupable
Barack
Obama s’est empressé de désigner le coupable du doigt, la compagnie BP qui
exploitait la plateforme Deepwater
Horizon qui a sombré, faisant 11 disparus. « Que les choses soient bien claires : BP est responsable de cette
fuite. BP paiera ». Dans un communiqué de presse publié lundi, British
Petroleum s’est engagé à payer « tous
les coûts nécessaires et appropriés de nettoyage », estimé à 2 ou 3
milliards de dollars. Un dédommagement qui ne tient pas compte de l’impact écologique et
économique de la catastrophe . La région concentre 40% des marais du pays, à
l’écosystème riche et fragile. C’est aussi une zone de pêche florissante.
« En 2005, lorsque Katrina a frappé
la Louisiane, notre activité a été arrêté pendant un an » explique
Clint Guidry, secrétaire de l’Association des pêcheurs de crevettes de
Louisiane (LSA), «mais là, vu l’ampleur
de la catastrophe qui s’annonce, on risque de ne plus travailler pendant cinq à
dix ans, avant que la mer soit complètement nettoyée ».
Catherine
Brezeky