« Internet croule de gens pourris »
Alex*
est un « gentil ». Ce jeune homme, discret et réservé, est un hacker.
Dans l’univers mystérieux du piratage informatique, hackers et pirates se
partagent la toile. « Les hackers
sont moins nocifs. » explique t-il, « On profite du système sans faire de mal aux gens. Pas comme les
pirates… ». Eux sont là pour « foutre le bordel ». Il faut donc bien faire la différence
entre les deux camps, même si parfois, la frontière est mince. L’informatique,
Alex a appris sur le tas. La plupart du temps sur des sites ou des forums en
anglais. La curiosité l’a amené assez loin, jusqu’au carding, le piratage de carte bancaire. Au fil de ses navigations,
il tombe sur des forums étranges et se familiarise avec le système. « Des sites répertorient des comptes. C’est un
vrai business. » Sur la toile, les plus gros vendeurs proposent près
de 50 000 comptes par jour.
Mafia
Alex
n’a jamais eu de mauvaises intentions. « Si je le voulais, je pourrais vivre de ça, mais je me suis toujours
limité à de petites sommes ». Il prélève 40 à 50 dollars sur chaque compte,
pas plus. Et il ne prend pas à n’importe qui. Il choisit toujours des comptes
Amex, bien fournis. 25 000 dollars minimum. Alex l’assure, il n’a jamais
acheté de comptes, ceux proposés par les vendeurs sur internet. « Derrière tout ça, il y a la mafia »,
explique t-il. Pour trouver des comptes à pirater, rien de plus facile. Il
suffit de traîner du côté des magasins en ligne. « Parfois, j’ai peur en voyant toutes les informations que l’on peut
avoir sur une personne ». Date de naissance, nom et prénom, adresse,
mots de passe… En quelques clics, c’est toute une vie qui peut être réduite à
néant. Les sommes qu’il prélève, Alex les utilisent pour des bricoles. Des
petits achats virtuels, « jamais
physiques, il y a trop de risques ». Il ne revend rien et se contente
de payer ses achats de comptes de téléchargement. Est-ce qu’il n’a pas peur de
se faire prendre ? « Non, je
suis prudent. ». Sur la toile, il ne discute avec personne, ou
presque, se méfie des vendeurs (« Souvent
des pièges tendus par des policiers »). Et depuis quelques temps, il a
arrêté. S’il s’est senti coupable ? « Jamais. Sur la toile, tout ça devient trop virtuel. On n’a pas
conscience que c’est du vol ». Pourtant, l’argent lui est bien réel.
Les victimes du carding aussi.
* : les noms ont été modifiés