MoDem : chronique d’une mort annoncée…
C’est la débandade au Modem après
l’échec au premier tour des régionales. Avec un seul candidat présent au second
tour et une direction qui se chamaille sur la stratégie à mener, les prochains
jours risquent d’être difficiles. De quoi menacer l’avenir du parti.
Et de quatre. Après les législatives de 2007, les municipales de 2008 et les
européennes de 2009, le MoDem essuie un nouvel échec au premier tour des
régionales. Le parti de François Bayrou n’a récolté que 3,6% des voix. A
l’exception de l’Aquitaine, où le député Jean Lassalle portera les couleurs du
parti, les rares candidats MoDem à avoir dépassé la barre des 5% devront se
résoudre à des alliances locales. On comprend pourquoi on broie du noir au
siège du parti.
Corinne Lepage, la vice-présidente du MoDem, a pris les devants. Lundi
après-midi, elle a appelé les électeurs démocrates à se rassembler derrière la
gauche au second tour des régionales. Une recommandation qui tranche avec la
position de François Bayrou, qui n’entend pas brader ses candidats au PS. Et
pourtant, le MoDem n’a pas vraiment le choix…
Du rififi au siège du parti
Si
l’abstention a pu nuire au score du MoDem, c’est surtout la stratégie du parti
qui est pointée du doigt. Dimanche soir, sur les plateaux de télévision,
Corinne Lepage n’a pas hésité à casser du sucre sur le dos de François Bayrou. « Le
discours de François Bayrou n’était pas net et il n’y avait pas de programme
permettant d’identifier le projet MoDem par rapport aux autres », a-t-elle
déclaré à l’AFP. Depuis la création du Mouvement Démocrate, après les élections
présidentielles de 2007, son fondateur François Bayrou défend un positionnement
indépendant, loin du clivage gauche-droite. Au vu de ses échecs répétés aux
élections, cette stratégie semble ne pas porter ses fruits. « Le centrisme
ni-droite, ni-gauche ne colle plus à la réalité contemporaine, explique Corinne
Lepage, c’est pour cette raison que je me bats pour la construction d’un espace
écolo-démocrate, c’est la voie nouvelle ». Des dissensions qui ne vont pas
aider le MoDem à sortir de la crise qu’il traverse. Depuis quelques mois déjà,
la vice-présidente du parti prend ses distances avec François Fillon,
critiquant sa gestion du parti. « Le MoDem n’a pas été lisible dans sa
stratégie, a-t-elle déclaré à l’AFP, le centre-gauche est parti à Europe
Ecologie et, on le constate, les meilleurs résultats du MoDem ont été réalisés
dans des régions conduites par l’ex-UDF, candidats de centre-droit ». Ce
sont les fondements mêmes du parti qui sont remis en question.
Cet échec sonne t-il le glas du MoDem ? Le politologue François
Miquet-Marty, directeur de Viavoice, ne partage pas cet avis. La semaine
dernière, il avançait déjà que le MoDem risquait de connaître « quelques
semaines de turbulences médiatiques où on dira « le MoDem est
malade », mais ce résultat sera déconnecté de ce que peut faire François
Bayrou en 2012, son avenir ne sera pas hypothéqué ». Ouf, tout n’est peut
être pas perdu pour le MoDem. Qui plus est, François Bayrou en reste persuadé,
son « lien aux Français » demeure intact, malgré les échecs. Dernière
chance pour lui et son parti, la présidentielle de 2012.